Education

Chien « pas éduqué », vraiment ?

Dernièrement, j’ai eu une conversation avec un client au sujet d’un chien dans la famille qui n’était pas du tout éduqué. Je vais exagérer mais admettons que ce chien saute sur les gens, vole et quémande à table. Bouh la petite canaille ! 😛

📖 C’est l’occasion pour moi d’évoquer le conditionnement opérant : Lorsque votre chien effectue un comportement et qu’il lui apporte quelque chose d’agréable, ce comportement sera amené à être refait. Le comportement est opérant.

Médor s’assoit, il a une récompense, il s’assiéra plus souvent = Le comportement “s’assoir” est opérant.

Médor saute pour avoir sa gamelle, la gamelle ne descend pas au sol, il sautera moins = Le comportement “sauter devant la gamelle” est inopérant.

Le conditionnement opérant est utilisé en éducation canine, notamment avec les jeux et les récompenses. Mais j’aimerai évoquer les myriades de comportements que votre chien apprend seul, en faisant ses petites expériences, malgré vous.

📍 Un chien apprend constamment, même (surtout !) hors des séances d’éducation.

En effet, revenons à notre chien “pas éduqué”. Appelons-le… Mascotte.

Mascotte a appris énormément de comportements, renforcés par ses maîtres sans qu’ils ne le sachent : Si Mascotte saute, il a de l’attention. Le comportement de sauter est opérant, il compte bien le refaire ! Si Mascotte pleurniche à table, hop un délicieux bout de poulet apparaît. Évidement qu’il compte bien le refaire !

🤔 Mais est-il “pas éduqué” ? Pour notre œil humain, non, bien sûr. Mais pourtant, ce chien a appris énormément de choses ! Il a appris que sauter sur les gens allait lui donner de l’attention, que monter sur la table allait lui donner de la nourriture et que quémander était suivi d’un délicieux bout de poulet (j’adore le poulet, oui 🍗).

⚠️ C’est pourquoi il est très important de faire attention à ce qu’on récompense et quand on le récompense, à bien gérer notre environnement et nos réactions face à un comportement.

➡️ Si Mascotte saute sur ses maîtres lorsqu’ils rentrent 🚪 et qu’ils le disputent ou le repoussent, il a quand même de l’attention : Parfois vouloir punir un comportement revient à le renforcer, Mascotte apprend à sauter.

➡️ Si Mascotte gratte ou aboie pour avoir de l’attention, qu’on l’ignore, qu’il insiste et qu’on craque, qu’on s’énerve ou qu’on lui fait une caresse pour qu’il se taise, il a quand même eu de l’attention : Réagir alors qu’on s’était décidé à ignorer nous fait entrer dans un cercle vicieux, Mascotte apprend à insister. Et plus on craquera, plus il insistera.

✅ C’est à nous de rester ferme avec nos règles établies et d’être conscient de nos réactions. Car nos actions peuvent récompenser ou punir un comportement de notre chien. Toutou est un fin observateur, il ne commettra pas l’erreur de ne pas être attentif à vos réactions.

➡️ Si Mascotte pique une chaussette 🧦 qui traîne et vous fait courir dans le jardin pour la rattraper, il apprend que voler les chaussettes amène le jeu.

➡️ Si Mascotte mordille un pied de chaise 🪑 et que c’est seulement lorsqu’il le fait qu’il obtient votre attention, il apprend que mordiller les pieds de chaise vous fait venir.

✅ C’est à nous de correctement gérer l’environnement (ranger, mettre en hauteur, protéger ect) pour ne pas que d’autres “mauvais” comportements soient possible, pour ne pas que notre chien s’auto-renforce.

Si Mascotte effectue un comportement jugé comme “indésirable” et qu’il y retire quelque chose de gratifiant, il y a de fortes chances qu’il recommencera. Alors autant éviter qu’il ne le fasse en premier lieu !

👉 Vous l’aurez compris, notre chien effectue tout un tas de comportements dans la journée, qu’ils soient bons ou mauvais à nos yeux. Ou plutôt, qu’on souhaite voir renforcés ou non.

Dans ce cas, c’est tout simple : A nous d’être attentif, de mettre tout en place pour n’avoir plus qu’à récompenser les comportements proposés par notre chien ! 🤗

🔎 Par exemple, admettons que je ne veux pas que Mascotte monte sur le canapé 🛋. Dès qu’il monte, je me met dans tout mes états, le pousse, le dispute ect. Mais quand il est dans son panier, je l’ignore. Qu’apprend Mascotte ? Que monter dans le canapé c’est trop cool, mon humain joue avec moi et me donne un max d’attention !

Mais si, à la place, je fais en sorte qu’il ne puisse pas monter dans le canapé quand je ne suis pas là et que je rend son panier ultra attractif (gestion d’environnement), que je lui demande de descendre du canapé dans le calme, sans en faire des caisses (je maîtrise mes réactions) et que, SURTOUT, je le récompense quand il va dans son panier de lui-même, Mascotte apprend qu’aller dans le panier c’est super génial ! 🤩

🐶 On se focalise souvent sur les mauvais comportements de notre chien, sans prendre la peine de renforcer, récompenser, valider tout ses bons comportements. On les prend pour acquis, on les ignore ou on n’y prête pas vraiment attention.

A nous de rendre les comportements que l’on souhaite revoir hyper intéressants !

Comportement

L’adolescence chez le chien

L’adolescence chez le chien commence entre 6 et 8 mois et se termine entre 12 et 18 mois en fonction des races. Plus une race est grande, plus sa croissance va se faire lente. Les races géantes comme le terre-neuve peuvent finir leur phase pubertaire vers 2 ans !

C’est une phase bien souvent très difficile pour le chien comme pour ses humains à cause de changements hormonaux causant à leur tour des changements comportementaux.

Ce n’est pas pour rien que la majorité des chiens que je suis amenée à éduquer sont dans cette tranche d’âge.

Nous allons voir ensemble à quels changements votre petit chiot doit faire face durant son adolescence, d’abord pour pouvoir comprendre votre loulou et surtout pour l’aider au mieux à grandir sereinement !

Premièrement, votre chien grandit ! Pourtant, dans sa tête, c’est encore un petit zouave qui ne contrôle donc pas sa nouvelle force. On remarque que les adolescents deviennent plus brusques, qu’ils sont plus attirés vers leurs congénères, qu’ils écoutent moins et sont plus indépendants. On a l’impression qu’ils deviennent “excessifs” : Ils se frustrent facilement et le font savoir.

Tout cela est normal et est lié (entre autre) à la maturité sexuelle. En effet, les mâles sont en recherche de demoiselles et ces mesdames ont leurs premières chaleurs.

Votre petit chiot est maintenant un ado et cherche sa place dans le groupe social si vaste et complexe que sont les autres chiens.

Ses besoins en activités physiques et mentales augmentent : Ce n’est plus le petit bébé qui se fatiguait en 20 minutes de balade et qui dormait le reste de la journée. C’est à vous d’adapter ses activités à son âge.

On peut progressivement lui proposer des balades un peu plus longues où on le laissera renifler autant qu’il le veut. Mais surtout, on va lui proposer des objets à mâchouiller, à lécher ou à renifler afin de l’aider à se dépenser calmement.

En effet, le piège avec notre adolescent est de vouloir le fatiguer physiquement le plus possible, sans jamais lui apprendre à s’occuper à la maison, à rester calme, à ne rien faire. Voir mon article “Activités physiques et mentales”.

Votre chien n’est pas encore un adulte. Autrement dit, il continue d’évoluer, tant physiquement que mentalement.

Ainsi, comme évoqué plus haut, notre ado devient plus excessif. On le compare aisément à une petit tornade qui va surréagir à la moindre modification dans son environnement.

En soi, cela n’est pas faux : Ses émotions sont exagérées et plus difficiles à contrôler car ses neurones inhibiteurs (régulent les émotions) arriveront à maturité à la fin de l’adolescence. Il est donc normal que votre loulou ait tant de mal à se contrôler.

Durant cette phase pubertaire, on peut parfois observer une nouvelle “phase de peur”. Certaines choses autrefois tolérées par le chiot le font désormais réagir (joggeurs, voitures, autres chiens ect).

Cela est à nouveau lié aux émotions plus difficiles à contrôler, ainsi qu’à une modification du contrôle de la mémoire et des capacités d’apprentissages. Votre chien ne devient pas plus bête, bien entendu, mais nous pourrions dire pour imager qu’il fonctionne plus avec ses émotions.

C’est pourquoi une attaque de chien durant cette période est d’autant plus traumatisante.

La phase pubertaire est d’autant plus importante que si les problèmes rencontrés ne sont pas travaillés (rappel, début de réactivité ect) et bien ils s’installent !

J’ai encore beaucoup de clients qui ont malheureusement attendu que le problème se règle de lui-même et qui finissent par m’appeler parce qu’au contraire, il a empiré.

Évidement, tout est “travaillable” et chaque chien pris en charge va progresser. Mais on s’épargnerait tous beaucoup de temps et de stress en accompagnant son chiot dès son arrivée, puis en l’aidant à traverser sereinement la puberté.

Ce suivi naturel parfait de votre chiot ? Récompensez-le ! En effet, rien n’est acquis et si petit bébé remarque que le fait de vous suivre ou de vous regarder n’est pas intéressant, il y a un grand risque qu’il ne le fasse plus du tout en étant adolescent, lorsque l’environnement et les congénères deviendront plus importants à ses yeux.

Récompensez donc absolument tout ce qui est précieux à vos yeux : Une attention, une marche en laisse, un croisement nickel ect, même si à cet âge cela lui semble “facile”, c’est un investissement dont vous serez heureux à son adolescence 😉

Education

Pourquoi choisir d’éduquer son chien en méthode positive ?

Lorsque l’on adopte un chien, la question de son éducation se pose évidement. Néanmoins, avec toutes les informations rencontrées sur le net, il est vite possible de se perdre entre différentes méthodes.

Aujourd’hui, nous allons voir en quoi le choix de la méthode positive est meilleure que la méthode coercitive pour votre chien, tant pour son éducation en tant que telle que pour votre relation avec lui.

Vous trouverez les sources de cet article en bas de page, n’hésitez pas à les consulter !

Commençons par quelques définitions.

Nous pouvons résumer grossièrement l’éducation positive en une méthode visant à respecter les besoins du chien, tout comme son consentement et son intégrité.

Nous allons récompenser tous les comportements que nous souhaitons voir réapparaître, tout en rendant leur apparition plus probable avec une bonne gestion de l’environnement et en répondant aux besoins physiques et mentaux de son chien. Pas de cris, pas de “non” ferme complètement inutile, pas de tension sur la laisse ou le collier pour faire obéir.

La méthode coercitive (aussi appelée méthode traditionnelle) se base plus généralement sur le principe infondé de la théorie de la dominance. Si des friandises peuvent être données, on utilisera souvent des outils pour faire obéir son chien (pression sur le corps, collier étrangleur…) et on usera de menace (”non”, cris…).

Il est courant de vouloir “dominer” son chien en se montrant ferme et en appliquant des principes d’un autre temps (manger après son maître, ne pas être en hauteur, passer les portes en premier et autres joyeusetés).

Impact sur la santé (physique)

En méthode positive, nous n’utilisons aucun outil visant à contraindre le chien ou à appliquer une tension volontaire sur lui, au contraire ! Durant mes séances théoriques et étude de comportement avec mes clients, la question du collier ou du harnais se pose bien souvent. Nous avons pu voir dans un précédent article qu’il a été démontré que tous les colliers, plat comme étrangleur, blessent le chien (trachée, thyroïde, cervicales). Je conseille donc un harnais en H ou en Y, peu importe l’âge du chien. L’utilisation de la longe est également fortement recommandée.

En méthode coercitive, on vous indiquera souvent que le collier est nécessaire à l’apprentissage. Le chien recevra des coups de sonnette (tirer violemment sur la laisse) s’il ne marche pas au pied, s’il va vers un autre chien, s’il ose aller renifler une touffe d’herbe en tirant un peu…

Ces coups de sonnette appuient directement sur la trachée du chien, mais aussi sur la glande thyroïde, voire sur les cervicales si on tire pour que le chien avance. En plus de la douleur physique générée, cela entraîne des problèmes respiratoires, hormonaux, immunitaires et articulaires.

Impact sur le comportement (psychologique)

Comme évoqué plus haut, la méthode positive va consister en un renforcement de tous les comportements désirables et d’une gestion de l’environnement afin d’éviter les comportements indésirables.

Si cela est bien plus complexe qu’un résumé en une phrase, il est important de noter que nous faisons en sorte que “travailler” avec nous soit une bonne expérience pour le chien. Nous respectons ses capacités et son consentement et n’allons jamais le pousser à l’erreur pour le disputer.

En méthode coercitive, il est évident que le chien n’a pas le choix. Deux études de octobre 2019 et juillet 2020 (liens en bas de page) démontrent que les chiens éduqués en coercitif font plus de signaux de stress, sont plus pessimistes et ont un taux de cortisol plus élevé que les chiens éduqués en positif. Les chiens sont placés en détresse acquise (résignés, ne cherchent plus à fuir la douleur) et ont donc l’air obéissants, mais ils sont simplement “éteints”, de peur de faire un mauvais comportement qui leur causera douleur ou sermon.

Votre chien risque également de faire de nombreuses associations négatives. Combien ai-je de clients venant me voir après avoir essayé le collier étrangleur, se demandant pourquoi leur chien est maintenant réactif aux autres chiens ? Et bien parce qu’à chaque fois que Médor tente d’aller vers un toutou, il reçoit un coup de sonnette dans le cou. La douleur vive a été associée avec la vision d’un autre chien. “Autre chien = douleur, donc j’aboie ou je charge pour le faire s’éloigner”.

Impact sur la relation avec le maître

Une autre étude également publiée en octobre 2019 a placé différents chiens dans une pièce, en compagnie de leur maître. Un inconnu y rentre, puis le maître sort et revient quelques minutes plus tard.

Cette étude a pu mettre en lumière que les chiens éduqués en positif avaient tendance à jouer plus en présence de leur maître qu’en présence de l’inconnu, le suivaient plus et accueillaient leur maître avec plus de joie que les chiens éduqués en coercitif. En clair, la présence du maître en méthode positive aide le chien à s’exprimer et a avoir confiance en lui.

Il s’agit de la première étude démontrant un lien entre la méthode d’éducation du chien et son attachement à son maître.

Impact sur l’éducation

L’étude publiée en juillet 2020 étudiait la rapidité d’obéissance au rappel et à l’ordre “assis” en fonction de la méthode d’éducation (en plus du niveau de stress, évoqué plus haut). Les chiens éduqués en positif avaient tendance à venir plus vite au rappel et à s’assoir plus rapidement que les chiens éduqués en coercitif. Ces derniers avaient besoin d’être touchés ou tirés pour revenir ou s’assoir. L’ordre devait également être répété plus de fois pour être exécuté.

C’est donc en tout point que l’éducation positive est préférable pour votre compagnon. Une meilleure confiance, une meilleure relation et même une meilleure coopération, le tout sans douleur ou contrainte !

Évidement, cela nécessite de la patience et de la bienveillance. Il est bien plus rapide d’obtenir quelque chose par la menace ! Mais à quel prix ?

Sources :

Impact sur le comportement :

https://www.biorxiv.org/content/10.1101/823427v1

Impact sur la relation :

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0168159119300127?via%3Dihub

Impact sur l’éducation :

https://www.companionanimalpsychology.com/2020/07/positive-reinforcement-is-more.html?fbclid=IwAR1T0ph7UnRn-P64YMDvXusOQJko596MG-wD0qBPbgq2sSNhe0aBJO8UQ3w

Comportement

La détresse acquise

La détresse acquise est un très joli mot pour désigner quelque chose de vraiment pas joli du tout.

Cela désigne, pour un être vivant, le fait de se résigner, de ne plus chercher de solution, d’accepter son sort.

Imaginons que je vous enferme dans une petite pièce remplie de grosses araignées (ou souris, serpents, à votre convenance). Vous allez certainement paniquer, tenter de fuir, essayer de les écraser ect. Mais au bout d’un certain temps, vous allez finir par vous résigner, ayant compris que quoi que vous fassiez, vous n’alliez pas sortir de cette pièce.

Face à la peur, votre cerveau n’a d’abord que deux options : La fuite (essayer de sortir de la pièce, courir partout…) et l’attaque (écraser les araignées, essayer de leur faire peur…).

Mais vient également la troisième option : La détresse acquise. Vous avez tout tenté, tout essayé, mais rien ne fonctionne. Votre cerveau s’éteint, vous n’êtes plus capable de rien, vous n’essayez même plus de trouver une autre solution.

C’est une situation terrible car si la situation est répétée, en plus du traumatisme que cela peut causer, l’individu généralisera ce sentiment d’impuissance à d’autres situations problématiques. A la moindre douleur, au moindre stress, il n’essaiera plus de s’en sortir.

Malheureusement, nos chiens sont très souvent confrontés à la détresse acquise lors qu’ils sont éduqués en méthode coercitive. Voici quelques exemples :

➡️ Votre chien a peur des autres chiens. Cela peut être dû à une mauvaise socialisation, une attaque ou tout simplement qu’il préfère sa tranquillité. Voilà que, justement, vous croisez un toutou en promenade : Votre chien ne peut pas fuir puisqu’il est attaché. Sa seule défense est donc l’attaque afin de faire fuir ce qui lui fait peur. Il aboie, charge le chien d’en face et la situation est invivable pour tous.

Un éducateur en coercitif placera votre loulou en collier étrangleur et lui prodiguera un coup de sonnette (tirer violemment sur la laisse) dès lors qu’il essaiera d’attaquer un autre chien.

Votre chien ne pouvant ni fuir en étant attaché, ni éloigner l’autre chien en aboyant ou en chargeant, se placera automatiquement en détresse acquise. Fuir et attaquer ne servent à rien, il s’éteint et se résigne à devoir supporter la présence des autres chiens malgré son stress intense.

En l’apparence, votre chien est rééduqué. Mais pour lui, c’est simplement l’enfer.

➡️ Votre chien aboie continuellement, soit par manque d’activité, soit pas stress, soit pour obtenir votre attention. La situation devient invivable et vous faites appel à un éducateur qui vous propose de mettre un collier électrique ou à la citronnelle à votre chien. A chaque aboiement, le malheureux se prendra une décharge ou un jet à l’odeur très forte, juste sous la truffe (dois-je vous rappeler le sens de l’odorat très développé du chien, imaginez ce qu’il doit ressentir…).

Incapable de fuir ce qui lui provoque de la douleur, votre chien se placera en détresse acquise. Certes il n’aboiera plus, mais à quel prix ? Le stress est toujours présent, mais il ne peut pas l’exprimer autrement (personne ne lui a appris !).

En l’apparence, votre chien est silencieux. Mais pour lui, un stress ne pouvant pas s’évacuer est la porte ouverte à l’auto-mutilation, aux TIC et comportements répétitifs.

L’éducation canine en méthode coercitive regorge de techniques pour mettre votre chien en détresse acquise. Analysez bien les conseils que certaines personnes peuvent vous donner. Parfois, il s’agit juste de faire souffrir son chien jusqu’à ce qu’il arrête de se défendre…

Attardez-vous sur la cause du comportement plutôt que sur le comportement lui-même : Manque d’activité ? Stress ? Demande d’attention ? Peur ? Travailler la conséquence sans en comprendre la cause revient à infliger un stress voire une souffrance inutile à votre chien.

Comportement

« Il sait qu’il a fait une bêtise. »

“Il sait qu’il a fait une bêtise.”
J’entends cette phrase assez souvent lors de mes études de comportement, généralement suivie de “il fait sa tête de coupable”.

Cet article fait suite à un précédent article nommé “Non ne veut rien dire” dans lequel nous avions vu que disputer son chien ou lui crier “non” n’arrangeait pas vraiment les mauvais comportements.
Aujourd’hui, nous allons nous demander pourquoi, malgré le fait que le chien ne comprenne pas pourquoi il se fait disputer, il fait tout de même une “tête de coupable” (notez bien la présence des guillemets).

Avant toute chose, il faut savoir que votre chien n’a pas la notion d’avoir fait une bêtise. Sa morale est différente de la notre alors comment pourrait-il faire la différence entre le bien et le mal de notre point de vue ? La moralité dépend de chaque personne, de sa culture et de son vécu, alors comment une espèce aussi différente de la notre pourrait-elle partager nos valeurs ?

Pour un chien, faire ses besoins à l’intérieur n’est pas mal en soi, c’est juste… Faire ses besoins en intérieur, point. Tout comme manger une pantoufle ou piquer un bout de gâteau. C’est devant lui, à disposition et Médor est un animal opportuniste : Si l’action lui apporte du plaisir ou soulage un besoin, il va avoir tendance à recommencer.

Une bêtise de notre point de vue est donc un comportement tout à fait normal pour le chien. Il ne s’agit que d’une action, la valeur “bien ou mal” c’est nous qui l’apposons dessus.

Mais revenons à notre “tête de coupable”. Cela fait plus de 15 000 ans que les chiens vivent à nos côtés. Durant ces millénaires, ils ont été sélectionnés pour leurs aptitudes de travail (chasse, poursuite, garde…) mais aussi sur leur pure apparence physique.

Les chiens sont devenus de plus en plus expressifs : Une étude a démontré qu’un muscle supplémentaire s’est développé au dessus de l’œil du chien durant sa domestication (lien en commentaire). Ce muscle, inexistant chez le loup, permet à Médor de soulever beaucoup plus intensément ses sourcils et donc, inconsciemment mais sélectionné par l’Homme, d’être plus attendrissant. La capacité de pouvoir faire une expression très démonstrative dont celle qualifiée de “tête de coupable” a donc été sélectionnée par l’Homme.


Au fil de la domestication, les chiens ont également appris à reconnaître très rapidement et avec une extrême précision les expressions humaines. Une autre étude (lien toujours en commentaire) a pu mettre en évidence que les chiens parvenaient particulièrement bien à distinguer une expression de colère d’une expression de joie, l’une associée à du négatif et l’autre à du positif.
Les chiens peuvent donc communiquer avec nous et nous lire très facilement, mais l’inverse est-il aussi vrai ?

C’est donc l’heure de parler des signaux d’apaisement.
Les signaux d’apaisement sont des signaux que va faire le chien pour s’apaiser lui-même (lorsqu’on souffle un bon coup pour se détendre), apaiser le chien ou la personne en face de lui (éviter/désamorcer un conflit ou indiquer qu’il veut une pause) ou lors de rencontre avec un autre chien pour se présenter poliment.
Il peut s’agir de bailler, de regarder du coin de l’oeil (blanc de l’oeil visible, également appelé oeil de baleine), de se lécher la truffe, de se secouer, de tourner la tête, se mettre sur le dos… Notez comme pas mal de ces signaux se retrouvent dans notre fameuse “tête de coupable”.

Je n’ai nommé que les principaux, mais tapez simplement “signaux d’apaisement” sur votre moteur de recherche préféré pour en découvrir toute la complexité.
Tous les chiens font des signaux d’apaisement, peu importe leur éducation ou leur race (le physique de certaines races les rendent cependant plus durs à observer).

Néanmoins, certains chiens ont malheureusement appris que leurs signaux n’étaient jamais écoutés et en font donc moins que les autres. D’autres ont été séparés trop tôt de leur mère et n’ont donc pas appris à les utiliser correctement ou à les repérer chez les autres chiens. Cependant, certains signaux restent des réflexes que le chien ne contrôle pas.


Ces signaux d’apaisement sont très importants à connaître car ils vous préviennent que votre chien se sent mal à l’aise ou est stressé. Les connaître peut donc prévenir des morsures (si le chien est écouté dès les premiers signaux, il n’aura pas besoin de mordre pour s’extirper d’une situation stressante), améliorer votre relation avec votre toutou en lui montrant que vous le comprenez ou mieux gérer les interactions canines en étant capable de voir lorsque votre chien veut stopper le jeu.

Un chien faisant une “tête de coupable” ne se sent donc pas coupable, il cherche juste à apaiser un conflit parce que vous êtes visiblement en colère. Votre énervement, injustifié pour lui, provoque donc du stress et une incompréhension de sa part, ce qui détériore votre relation.

Mais alors, pourquoi certains propriétaire de chiens me disent donc : “je sais qu’il a fait une bêtise avant même de la voir, ça se voit à sa tête” ?
Le chien ne se fait pas encore disputer, pourquoi aurait-il une “tête de coupable” dans ce cas ?

Et bien parce que votre chien a associé les CONSÉQUENCES d’une “bêtise” (poubelle renversée, canapé déchiqueté…) à votre énervement, pas l’ACTION en elle-même.
Pour lui, ce n’est pas le fait de fouiller dans la poubelle qui provoque votre colère, mais le fait qu’elle soit renversée. Ce n’est pas mâchouiller votre magnifique canapé, mais le fait que la mousse soit étalée au sol.

Pour prouver cela, plusieurs études ont été menées et résumées dans un document PDF que vous trouverez dans les commentaires. Je vais cependant résumer deux études (une de 1977 et une de 2009) ici :


– Une chienne prénommée Nicki avait l’habitude de déchiqueter des papiers en l’absence de son maître puis se faisait disputer à son retour pour sa bêtise. Lors de l’étude, il a été demandé au maître de déchiqueter du papier avant son départ et de le mettre dans la même pièce que sa chienne avant de partir. A son retour, Nicki affichait un comportement de chien se sentant coupable alors que ce n’était pas elle qui avait déchiqueté le papier. Elle avait donc associé la PRÉSENCE du papier à la dispute, pas à l’ACTION de la destruction. C’est le fait d’avoir été grondée précédemment qui a créé chez Nicki ce comportement “coupable” face à son maître (une multitude de signaux d’apaisement pour éviter le conflit, comme nous l’avons vu plus haut).


– Dans une seconde étude, il a été demandé aux maîtres de poser de la nourriture sur une table, demander au chien de ne pas y toucher et de quitter la pièce. Certains chiens obéissaient, d’autres non. Au retour du maître, on disait alors si le chien avait respecté leur ordre. Sauf que… On mentait à certains. Des chiens qui avaient obéi étaient alors qualifiés de voleur et étaient disputés. Ils affichaient alors leur “tête de coupable”, prouvant ainsi que c’est bien le fait d’être disputé qui déclenche “l’air coupable” et non pas la désobéissance ou la bêtise commise.
N’hésitez pas à lire le document PDF mis en commentaire pour creuser ce sujet.

Votre chien ne comprend donc pas pourquoi il se fait disputer et effectue des signaux d’apaisement (que l’on qualifie à tort de “tête de coupable”) afin d’apaiser le conflit.
Mais que se passe-t-il si les réprimandes arrivent trop souvent ? Que les signaux d’apaisement ne sont ni compris ni écoutés ?

La punition est une source immense de stress pour nos loulous. Sans en comprendre la raison, ils se font crier dessus, disputer ou isoler. L’incompréhension et la sensation de n’avoir aucun contrôle sur la situation va provoquer du stress, libérant des hormones (cortisol) qui vont augmenter les réactions agressives ainsi que leur intensité.


Certains chiens, naturellement plus résilients et patients, pourront supporter toute leur vie ces attaques incompréhensibles sans jamais se défendre.
Mais pour d’autres, il suffit d’une fois de trop pour que le chien finisse par en avoir marre et se défende. Il s’agira de grognements pouvant aller jusqu’à une morsure.
Outre cela, le stress engendré par les punitions répétées va diminuer la concentration et les capacités d’apprentissage du chien et augmenter sa réactivité. Il passe en mode survie, réagissant plutôt que réfléchissant.

Disputer son chien n’a donc aucun intérêt pédagogique. Cela ne lui apprend rien, le stresse et détériore votre relation.
A la place, c’est à nous d’anticiper, de gérer l’environnement, d’apprendre de nouvelles compétences et comportements alternatifs à son chien et détourner l’attention lors de situations imprévues (voir l’article “non ne veut rien dire” pour développer ce sujet).
“L’air coupable” n’est qu’une construction de notre point de vue humain. Nous donnons des intentions irréelles aux chiens qui ne cherchent qu’à communiquer leur malaise.

Sources :
Muscle expression faciale : https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/chiens/chien_134588
Conséquence punition : https://www.demaindemaitre.ca/stress-anxiete-chien-comportement-canin/?fbclid=IwAR2zAXdeGBgWXSbCa__d9mhkn2g1zOPw6ok3lacKYGyMZKKUBEvieKjVb-s
PDF étude sur la culpabilité : http://avarefuge.fr/wp-content/uploads/2017/02/Revue_scientifique_septembre_2012.pdf?fbclid=IwAR0jxZQyyTShahnI8OLXuyK5Nza_k5QiRMqLPNH5MYQ7gM3pfzdugrI9OV8
Les chiens reconnaissent nos expressions : https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/les-chiens-distinguent-les-emotions-sur-le-visage-humain_100569
Signaux d’apaisement : https://www.lemondedemaikan.com/post/les-signaux-d-apaisement-cette-communication-incomprise?fbclid=IwAR3BMvecfF03qv1KZavDnwPqteIOqcNBvTck6jLTIbRQkm0Nrz2ZRvr7euM

Education

Obéissance gratuite

Au cours de mes études de comportement ou séances d’éducation, il m’est arrivé d’entendre des clients dire : « Je suis contre les friandises, je veux qu’il m’obéisse parce qu’il m’aime, pas pour avoir quelque chose ». 🤔

Il y a plusieurs questions à soulever : Pourquoi le chien devrait-il obéir « gratuitement » ? Aimer quelqu’un, est-ce répondre à tous ses désirs, même si cela nous met mal à l’aise / nous ennuie / nous stresse ect ? Est-ce que nous, humains, agissons de la sorte ?

Petite remarque : Cet article n’a aucunement intention de vous faire culpabiliser ou quoi que ce soit. Uniquement d’avoir un autre point de vue et de prendre du recul 👐

💡 Premièrement, rappelons qu’un chien est un chien. Si nous avons l’habitude de penser qu’une véritable bonne action n’attend rien en retour (quoique le sentiment de satisfaction soit une récompense en soit), les chiens se contrefichent pas mal de nos affaires de morale. Ils n’ont pas la notion de bien et de mal, car cette pensée est culturelle et nullement liée à l’espèce. Ce qui est juste varie dans notre propre espèce selon les cultures, religions, ethnies ect, alors pensez bien que comparer la morale entre différentes espèces n’a aucun sens !

De ce fait, ils ne peuvent pas se sentir « coupable », cette idée reçue est encore trop largement répandue. 😔

➡️ « Obéir » (effectuer l’action demandée par l’humain), pour un chien, n’est ni bien ni mal en soit. C’est nous, en tant que maîtres, qui trouvons qu’il s’agit du comportement normal d’un chien. Et ce parce que « il est nourri, logé, blanchi, il me doit bien ça ».

Sauf que non.

Je pense qu’il s’agirait de nous remettre en question : Votre chien ne vous « doit » rien.

Il est né (dans un bon élevage s’il a eu de la chance…) puis a été séparé de sa mère à l’âge de 2 mois alors qu’il n’était encore qu’un bébé pour être placé dans un foyer inconnu, entouré d’humains et d’odeurs inconnues, afin d’être un « chien de compagnie », pour notre unique plaisir. Et bien souvent, par manque de connaissance, de patience ou de temps, jamais ce chien ne vivra pleinement sa vie de chien. Courir avec des copains, chasser, vivre selon son espèce en somme.

Alors gardons en tête que notre chien ne nous doit rien. Nous avons la responsabilité de lui permettre de répondre aux besoins spécifiques de son espèce, car c’est nous qui avons voulu de lui, pas l’inverse.

🐶 Le fait qu’il soit « nourri, logé, blanchi » est le minimum syndical il me semble.

➡️ Le chien, tout comme nous, est un animal opportuniste. C’est-à-dire qu’il va reproduire les comportements qui lui sont avantageux et arrêter de faire les comportements qui lui sont désavantageux.

Je travaille en méthode positive car je pense que cette méthode est la plus douce et compréhensible pour nos loulous. Je pense qu’apprendre dans la bonne humeur est le meilleur moyen de développer une bonne relation avec son compagnon.

Nous allons donc encourager le chien à produire le comportement qui nous plaît, parce qu’il est avantageux pour lui. A l’inverse, les comportements qui ne nous plaisent pas ne lui apporteront rien. On ne cherche pas à le mettre en échec, à lui faire mal ou le stresser.

Ainsi, dès que notre chien effectue une action qui nous plaît, leurrée ou non, hop, on récompense ! Naturellement, toutou réitérera cette action, et avec plaisir ! Le but est simplement d’associer les comportements désirés à quelque chose de positif. La friandise est là pour nous aider à faire cette association. 😊

➡️ Pour qu’un chien obéisse, il faut que sa motivation à faire ce que vous attendez de lui soit supérieure à celle de ne rien faire ou de continuer son action actuelle ► Voir mon article « Le chien têtu ».

Sa motivation à obéir peut être supérieure parce qu’il craint une punition ou parce qu’il espèce une récompense. Pédagogiquement comme moralement, je préfère largement qu’un chien obéisse de bon cœur, et pas parce qu’il y est obligé.

➡️ La friandise n’est qu’un moyen de vous faire comprendre (« ce que je te demande t’apporte quelque chose de cool »), pas une fin en soi. En effet, le but est de la rendre aléatoire petit à petit lorsque le chien aura parfaitement compris ce qu’on attend de lui. On ne la donnera finalement que lorsque l’action demandée aura été difficile pour votre loulou.

Devenant plus rare et aléatoire, elle sera d’autant plus convoitée.

💡 C’est le fameux SIA (non pas la chanteuse) :

Systématique : En début d’apprentissage pour conditionner.

Intermittente : Récompenser trois fois sur quatre, puis deux fois sur trois ect, diminuer progressivement lorsque le chien a bien compris l’exercice.

Aléatoire : Une friandise aléatoirement lorsque l’action demandée est difficile.

En effet, arrêter purement et simplement de récompenser conduit à l’extinction du comportement. Exemple : J’appuie sur le bouton 1 de l’ascenseur, il ne fonctionne pas. Au bout de quelques essais, sur plusieurs jours, on a bien compris que le bouton ne marche pas. On n’essaie plus, le comportement s’est éteint.

Alors, oui aux friandises et au renforcement positif ! 🎉

Oui à l’apprentissage dans la bienveillance et la bonne humeur ! 🎉

Education

Mon chien est têtu

J’entends souvent dire « mon chien est têtu ».
Et si nous nous penchions aujourd’hui sur cette croyance ?

Croyance, oui, car un chien n’est pas têtu.
💡 Cette idée reçue peut venir du fait que l’on trouve qu’il est « normal » qu’un chien obéisse à l’Homme et que, s’il ne le fait pas, il est borné, mal élevé ou têtu. Nous n’acceptons pas que notre autorité soit remise en cause.
Pourtant, avoir un chien dit « têtu » ne résulte aucunement d’un manque d’autorité (inutile par ailleurs en éducation positive).

➡️ En effet, un chien agit par intérêt, il est opportuniste. Il reproduit les comportements qui lui sont avantageux et cesse de faire les comportements qui lui sont désavantageux.
Si votre chien a le choix, il prendra toujours la décision qui l’arrange le plus.
⚠️ Un chien ne peut pas faire de caprice, se venger ou mal agir « pour vous embêter ». Il n’a pas ces facultés cognitives qui feraient de lui un manipulateur.

Si vous appelez votre chien et qu’il ne revient pas, est-il têtu ? Non.
Se dit-il que courir dans un champ est plus intéressant que de revenir ? Oui.

🐶 Si votre chien n’obéit pas, c’est que sa motivation à vous répondre est moins forte que celle de ne rien faire, ou de continuer son action actuelle.
Alors pour résoudre ce problème, il suffit simplement de faire basculer cette motivation. Faire ce que vous voulez devient très avantageux, plus encore que faire une « bêtise » (n’ayant pas conscience du bien et du mal, le concept de bêtise n’existe pas pour le chien).

✅ Il est à vous de comprendre ce qui motive votre chien. Certains adorent qu’on leur parle, d’autres sont très gourmands, très câlins, très joueurs ou tout ça à la fois. Chaque chien est unique, avec ses préférences et ses envies.

🤔 Évidemment, pour pouvoir peser dans la balance, il est de notre devoir de répondre aux besoins de notre chien. Médor ne reviendra peut-être pas au rappel, même pour un steak entier, s’il n’est pas sorti depuis longtemps. Il ne pourra pas rester assis sans bouger au passage d’un autre chien s’il ne peut jamais jouer avec eux.
Parfois, un chien qualifié de têtu est juste un chien qui cherche à remplir ses besoins.

Education

« Non » ne veut rien dire

Parmi les nombreux principes de respect et de bienveillance envers le chien que prône l’éducation positive, le bannissement du « non » en fait partie.
Pourquoi ne pas utiliser le « non » ? Comment faire dans ce cas ? 🤔
Ce sont à ces questions que nous allons répondre aujourd’hui.

Le « non » ne veut rien dire.

En effet, « non » tout seul ne veut strictement rien dire. Il est toujours précédé d’une question ou fait suite à une action indésirable de quelqu’un : « Non je ne veux pas d’une autre part de gâteau ; Non tu ne peux pas avoir ce jouet ect ».
Bref, « non » est compréhensible parce qu’on sait, entre humains et dans la conversation, pourquoi on l’utilise. Baladez-vous dans la rue et dites « non » à quelqu’un sans lui avoir parlé avant, il risque de vous faire des gros yeux !

➡️ Alors pour un chien à qui on ne peut pas expliquer verbalement POURQUOI on lui dit « non », ce mot n’est rien d’autre qu’un son bizarre que le maître prononce quand il n’est pas content.

Car en effet, si le chien arrête de faire ce qu’il était en train de faire, c’est grâce au ton employé.
Si on est en colère sur le fait, notre ton est naturellement plus dur, plus agressif. Mais même en étant calme, le simple fait que pour nous autres humains ce mot soit associé à quelque chose de négatif, le ton l’est aussi. On ne dit jamais « non » sur un ton jovial, tout doucement et gentiment. Généralement, il est accompagné d’un froncement de sourcil ou d’un doigt levé, ce que le chien perçoit très bien.

De peur, le chien stoppe touts ses comportements.

➡️ Mais et si je vous disais que, pédagogiquement, même si votre chien arrête sa « bêtise » (les chiens n’ayant pas conscience du bien et du mal, le concept de bêtise leur est inconnu), il n’a strictement rien appris ?

Comme expliqué plus haut, sans contexte, le « non » ne signifie rien. Vous ne pouvez pas expliquer à votre chien pourquoi vous lui dites non.
Prenons un exemple : Médor mâchouille vos superbes pantoufles, vous lui dites « non ».
Non quoi ?
« Non ne mâchouille pas mes pantoufles » ? Peut-être.
Mais peut être aussi « Non ne soit pas couché devant mes pantoufles ; Non ne fait pas ça en ma présence ; Non pas ces pantoufles là ; Non n’ouvre pas la bouche ; Non…ect » 🙄
Comment votre chien peut-il comprendre que « non » signifie ce que vous voulez dire, et pas autre chose ?

💡 Avec mes clients, j’utilise toujours le même exemple : Je prends mon stylo, je le pose sur la table et je dis « non ». Puis, je demande aux maîtres ce que j’ai voulu leur interdire. J’ai toujours le droit à une réponse différente par personne.
« Ne pas regarder le stylo ; Ne pas toucher le stylo » reviennent le plus souvent.
Puis je leur dis « Non, ne restez pas assis ».
« Non » tout seul, sans explication, est totalement incompréhensible et ouvert aux interprétations.

⚠️ « Mais si il a compris ! Il baisse la tête et se sent coupable ! »
Non. Un chien ne se sent pas coupable puisqu’il n’a pas la notion de bien et de mal. Il comprend seulement que vous êtes en colère, pas la raison de celle-ci. Alors, pour montrer qu’il ne veut pas entrer en conflit, il vous fait des ➡️ signaux d’apaisement ⬅️
Ces signaux servent à apaiser le chien et/ou son interlocuteur. S’il détourne la tête, baille, cligne doucement des yeux, se met sur le dos, passe sa langue sur son museau ect, il veut simplement dire « Je ne cherche pas la bagarre ».
Les signaux d’apaisement en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=2T7b4rAV2dM

Ok, on ne dit pas « non », mais on ne va pas le laisser manger nos pantoufles quand même, ne vous inquiétez-pas. Car l’éducation positive, c’est loin d’être ce cliché de « on récompense les bons comportements et on ignore les mauvais » ☺

Anticiper
Et oui, car pour ne pas avoir à disputer votre chien, vous pouvez commencer par anticiper !
Ranger vos pantoufles ou tout ce que votre loulou peut attraper par exemple. Imaginez un bébé qui découvre le monde, on ne va pas laisser les objets dangereux à portée de main ! Le meilleur moyen pour que votre chien ne mâchouille pas vos objets, c’est de les ranger !

Comprendre
Si on continue de prendre l’exemple du chien dévoreur de pantoufles, on pourrait se demander « Pourquoi mâchouille-t-il mes pantoufles ? ».
Par ennui ? Séance de jeu !
Par besoin de mâchouiller ? Un jouet hyper agréable à croquer !
Pour décharger son stress ? Comprendre la raison de son stress et la supprimer !
S’il n’a plus aucune raison de mâchouiller vos pantoufles parce qu’il est fatigué d’une balade ou parce que son jouet est plus intéressant (parce que vous lui donnez une friandise à chaque fois qu’il l’utilise, trop bien ce jouet !), alors il laissera vos pauvres chaussures en paix !

Détourner
Et si on le prend sur le fait ? Il est trop tard pour anticiper et on préfère sauver notre bien plutôt que de comprendre immédiatement les raisons de Médor.
Et bien appelez-le, jouez avec lui ! Ainsi, il arrêtera sa destruction, vous pourrez ranger vos pantoufles et mieux anticiper la prochaine fois.

Apprendre « Tu laisses »
« Tu laisses » (ou n’importe quel mot que vous préférez utiliser et qui n’aurait pas de connotation négative) est un ordre très intéressant à apprendre à notre chien.
Il signifie « Détourne-toi de ce que tu veux faire et tu obtiendras quelque chose d’encore mieux » ou plutôt « perdre = gagner », « abandonner = recevoir ».
Après son apprentissage (sur plusieurs jours/semaines pour une maîtrise parfaite), votre chien aura appris un mot qui pour vous aura la même signification que le « non » mais qui pour lui sera compréhensible et bien plus positif !