
Combien de fois entend-on cet éternel cliché du petit chien ?
Il est hargneux, aboie pour rien, déteste tout le monde et n’hésite pas à charger plus gros que lui en bout de laisse.
Il est aisé d’imaginer le fameux chihuahua aux babines retroussées dès qu’on s’approche de lui.
Cet article va parler du calvaire de vivre en tant que petit chien.

Proportionnellement, j’ai assez peu de petits chiens en éducation et malheureusement, cela s’explique assez facilement : Un petit chien qui tire en laisse est bien moins dérangeant qu’un molosse. Même chose s’il tire en aboyant sur les gens ou les autres chiens. Les retenir est bien plus facile.
Le problème est qu’un chien réactif, petit ou grand, est en souffrance. Qu’il s’agisse d’un manque de socialisation ou d’une réponse à un évènement traumatique, aboyer ou foncer sur les autres chiens n’est jamais l’expression d’une émotion saine.
Ces petits chiens ne sont donc pas travaillés sur leurs émotions vis à vis du monde extérieur et continuent de stresser à chacune de leur sortie.

Dans la rue, les enfants (ou les adultes…) iront beaucoup plus facilement essayer de toucher le petit chien, que lui ou son maître le veuille… Ou non. Les parents se méfieront toujours plus si leur enfant d’approche d’un cane corso que d’un bichon.
Je l’ai déjà expliqué dans un précédent post mais laissez tranquille les chiens que vous croisez dans la rue (peu importe leur taille !). Un chien (trop) sociable qui aime ça finira par aller embêter tout le monde pour avoir un câlin, à vous sauter dessus les pattes pleines de boue pour avoir votre attention (sympa pour ceux qui ont peur des chiens). Et un chien qui déteste le contact des inconnus finira par être proactif et aboyer/foncer sur tout le monde pour vous maintenir à distance.
En clair, ignorez les chiens que vous croisez dans la rue. Ce n’est pas parce qu’un petit chien est plus mignon ou abordable qu’il apprécie être touché par un inconnu et que cela n’aura pas de conséquences.

A la maison, c’est plus ou moins la même chose : Un petit chien qui grogne sera beaucoup moins pris au sérieux qu’un grand.
Combien de ces petits chiens servent de peluches vivantes, portés et câlinés à outrance sans qu’ils n’aient leur mot à dire ? S’ils grognent leur mécontentement, au mieux ils ne sont pas écoutés car pas pris au sérieux, au pire disputés car “il n’a pas à me grogner dessus”. Oserions-nous ignorer le grognement et la mise en garde d’un berger allemand ?
De ce fait, les petits chiens ont deux options :
Grogner pour absolument tout : Suite à un ras le bol général et comprenant que seul le grognement est (parfois) écouté, le petit chien va grogner dès qu’on s’approche de lui, dès qu’on le touche ou dès qu’il en a simplement marre. Ainsi est donc créé le cliché du “petit chien qui râle pour rien” : Un loulou qui a juste appris que s’il ne grognait pas, il n’était pas écouté. Certains vont aussi avoir la morsure plus facile, surtout si leur grognement n’est pas respecté.
Se résigner : Grogner ne sert à rien et comme il n’a pas un fort caractère, Kiki ne l’a pas ou peu fait. Le petit chien va donc simplement se résigner, accepter son sort. C’est ainsi que j’ai vu énormément de petits chiens être portés ou câlinés durant les séances, faisant milles et un signaux d’apaisement mais sans chercher à se défaire de ce moment qu’ils n’aimaient pas. Malheureusement, le risque est qu’un jour le chien morde sans prévenir, ayant atteint les limites de sa patience.
Dans les deux cas, le chien est en souffrance.

La méconnaissance des signaux d’apaisement est une vraie plaie pour ces loulous. Ils pourraient être compris en un regard mais se retrouvent dans un des cas ci-dessus par manque d’information.
Si on porte un petit chien et qu’il se lèche la truffe, baille, cligne beaucoup des yeux ect, il devrait être reposé au sol. Même chose si on le câline, en plus d’effectuer des tests de consentement régulièrement durant les séances câlins.
Cela vaut bien évidement aussi pour les grands chiens, mais leur “non” sera toujours plus facilement compris (non pas par respect des signaux, mais plus par crainte de se faire croquer malheureusement…). Je me répète dans chaque article, mais la connaissance des signaux d’apaisement devrait être une base lorsqu’on adopte un chien.

Enfin, les petits chiens seront souvent bien plus sujets à l’anthropomorphisme. Il s’agit de donner des intentions, peurs ou besoins propres à l’être humain à d’autres animaux. Il peut s’agir de penser que le chien se sent coupable d’avoir mâchouillé une pantoufle, alors qu’il effectue moultes signaux d’apaisement.
Mais plus spécifiquement pour nos petits chiens, il s’agira de les surprotéger, les porter à la moindre difficulté alors qu’ils ne présentaient aucun signe de stress. On a tous l’image du chihuahua dans le sac à main, mais ce chien ne peut pas vivre comme un vrai chien. Il ne peut pas trotter, sentir, explorer.
On s’imagine que comme notre loulou est petit, il aura logiquement peur plus facilement et se fera bousculer par les autres chiens. On lui interdit donc de trop s’approcher des gros vilains toutous et on tire sur la laisse au moindre soupçon de danger. A terme, on créé la réactivité de notre chien.

Attention tout de même : Oui, un petit chien a plus de risque d’être bousculé par un chien trop brusque. Oui les plus grands chiens mal socialisés auront plus facilement à les prendre en chasse.
Mais cela n’est nullement la faute de la différence de taille, simplement du manque de socialisation de l’autre chien. C’est pour cela qu’il est très important de bien sélectionner les rencontres de nos (petits) chiens, afin que même si Kiki le yorkshire rencontre Rex le berger allemand, il ne se fasse pas malmener, car notre grand loulou sera bien codé et socialisé.
Bref, ce n’est pas la taille qui compte !
Les petits chiens sont des chiens comme les autres, avec les mêmes besoins et le même développement que leurs comparses plus grands. Ils doivent être socialisés correctement pour être à l’aise dans notre monde d’humain, être éduqués pour y être en sécurité et être respectés. Ils doivent avoir le droit de dire non, de ne pas vouloir être portés ou touchés. Ils doivent pouvoir explorer, renifler et avoir des contacts sociaux.

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