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Les premières fois chez le vétérinaire

Bébé chien découvre le monde, il n’a aucune idée de ce qu’est un vétérinaire ni ce qu’il va bien pouvoir lui faire (manipulation, vaccin ect).

Nous pouvons faire en sorte que le vétérinaire soit associé à quelque chose de positif, que l’attente soit cool à vivre… Ou ne rien faire et laisser notre chiot constater qu’on ne va chez le vétérinaire que pour vivre des moments désagréables.

Nous sommes nombreux à avoir déjà été témoin de chiens complètement affolés chez le vétérinaire, tournant en rond, haletant désespérément, ou d’en avoir un à la maison.

Notre objectif est que notre tout jeune chiot ne vive pas le fait d’aller chez le vétérinaire comme un moment stressant.

La salle d’attente

En ayant au préalable demandé l’autorisation, nous pouvons entrer dans la salle d’attente sans rendez-vous avec le vétérinaire. Simplement entrer, se mettre un peu à l’écart et laisser notre chien observer.

La salle d’attente, ça doit être un super endroit pour Médor : Son maître peut jouer avec lui, lui donner des friandises ou une mastication ect.

Au moindre signe de détresse, on s’en va ! Votre chiot doit comprendre qu’il n’est pas piégé, qu’il peut vous faire confiance.

Une fois Médor plus à l’aise, on peut pratiquer le calme par défaut ou “relax” afin d’avoir un toutou capable de se poser tranquillement dans la salle d’attente.

Les visites blanches

Dans l’idéal, on peut prendre rdv avec notre vétérinaire “pour rien”. On entre dans la salle de consultation et on laisse bébé chien explorer.

Trop souvent, la première visite chez le vétérinaire arrive pour les rappels du chiot : Le vétérinaire est associé à la piqûre, un moment pas forcément agréable.

On peut donc faire en sorte que cette première visite soit simplement une observation de la salle de consultation, une occasion de discuter avec le vétérinaire, de présenter son chiot… Et surtout que ce dernier associe la salle d’examen à un endroit fun et bienveillant.

L’apprentissage des manipulations

Pour que bébé chien vive au mieux les moments chez le vétérinaire, il faut aussi lui apprendre à être touché un peu partout, à son rythme.

J’ai déjà écrit un article sur ce sujet, je vous invite donc à aller le lire juste ici.

Le medical training

Plus loin encore dans la progression, nous pouvons faire du medical training avec notre chien. Il s’agit de le rendre acteur de ses soins en lui enseignant une posture de consentement. Les soins commencent lorsque le chien se met dans une certaine position et s’arrêtent s’il bouge.

C’est un niveau supérieur dans le respect du corps du chien et de ses limites qui se démocratise de plus en plus. Même si l’idée de progressivité est toujours présente, il ne s’agit pas de désensibilisation. Le chien doit accepter les soins en conscience, de lui-même.

Bref, la première visite chez le vétérinaire et les soins qui en découleront peuvent être préparés en amont pour être vécus de façon positive par le chiot.

Évitez de vous retrouver dos au mur avec un chiot qui passera un mauvais moment, car il en résultera un chien adulte qui détestera aller chez le vétérinaire et qui vous le fera savoir (refus de monter en voiture, défécation, difficulté à rester calme dans la salle d’attente, agressivité face aux soins ect).

Et si il a été impossible de prévoir un soin spécifique, il vous reste les solutions pansement.

Si la préparation aux soins n’a pas pu être effectuée correctement mais qu’un acte de soin doit être réalisé malgré tout (manque de temps, imprévu, progression lente ect), on peut mettre en place une solution pansement.

Il s’agit de détourner complètement l’attention du chien ou l’aider à supporter la manipulation en plus proposant quelque chose d’autre à faire :

Lèche un tapis de léchage pendant que je te coupe les griffe, mange une oreille de cochon pendant que je prends ta température, mâchouille ton jouet pendant que le vétérinaire t’ausculte…

Ici, on n’attend rien d’autre du chien qu’il se laisse faire. Le chien peut avoir conscience de ce qu’il se passe mais prend plus facilement sur lui grâce à l’occupation hyper intéressante. On retrouve moins l’idée de progression et de consentement des points précédents.

Ce n’est pas censé être une fin en soit, mais bien une solution d’urgence ! Le but est qu’après on puisse prendre du recul et mettre en place un travail pour amener le chien a être conscient et consentant face aux soins.

N’hésitez pas à vous faire accompagner pour que ces premières visites chez le vétérinaire se passent au mieux, tout comme pour l’apprentissage des manipulations ou des soins.

En santé comme en éducation, il faut mieux prévenir que guérir 😉

Accessoires

« Ça ne lui fait pas mal »

En disant à certains maîtres que le collier étrangleur de leur chien était douloureux, j’ai parfois eu une réponse lunaire : “Non, ça ne lui fait pas mal”.

On m’a même dit que la peau du chien était plus épaisse que la nôtre, donc qu’il ne sentirait rien, ou que les poils le protégeaient de toute façon.

Prenons un peu de recul pour se rendre compte d’une chose toute bête : Le collier étrangleur doit faire mal.

C’est son but premier. Faire mal au chien lorsqu’il tire ou lorsqu’on met une saccade pour le punir.

S’il n’est pas douloureux, autant mettre un collier plat simple voire encore mieux, un harnais. D’ailleurs, une autre idée reçue est de penser qu’un harnais fait tirer, mais c’est une autre histoire…

Le but du collier étrangleur (aussi appelé collier sanitaire ou chainette pour le rendre moins violent…) est de provoquer un ajout de douleur pour faire diminuer la fréquence d’un comportement (P+).

Le principe même de ce genre d’équipement est de faire mal, sinon il n’aurait pas été inventé.

Même combat pour le torcatus (collier à pointe).

Ne vous faites pas berner par les éducateurs qui utilisent ce genre d’outil.

Si vous avez un doute, demandez comment il sera utilisé. Demandez à quoi il sert.

Nécessairement, mettre ce collier signifie que votre chien ressentira de la douleur à un moment ou à un autre.

Certains argumenteront en vous disant qu’il vaut mieux lui faire mal une fois et qu’ensuite il vous obéisse pour de bon, que ça vous épargnera des heures de travail avec les “bisounours” (coucou c’est nous les éduc en positif !).

L’obéissance rapide justifierai la peur et la souffrance de votre chien.

Personnellement, je préfère largement travailler un chien plus longtemps, mais dans la douceur, en lui laissant le temps dont il a besoin, en le guidant pour qu’il prenne les bonnes décisions. Oui c’est généralement plus long, mais c’est aussi plus éthique.

Tout dépend où vous placez le curseur de votre morale.

Quand un éducateur vous propose d’utiliser un outil que vous ne connaissez pas, demandez toujours pourquoi, à quoi il sert, dans quel but, quelle est l’action sur le chien.

Un éducateur qui connaît ses outils et leur utilisation pourra vous expliquer précisément pourquoi il les utilise et dans quel but.

Pourquoi je passe les chiens en harnais plutôt qu’en collier ? Confort du chien, risque d’association négative avec un collier.

Pourquoi j’utilise une longe plutôt qu’une laisse courte ? Pouvoir de décision du chien, mise en confiance de l’humain, étape sécuritaire vers la liberté totale.

Pourquoi j’utilise le clicker avec les chiens dont le renforçateur est la nourriture ? Précision du comportement renforcé, mise en avant des propositions du chien et de son agentivité.

Un collier étrangleur/sanitaire/chainette, un torcatus, un licol… C’est fait pour brimer le chien, pour lui infliger quelque chose de désagréable, de la peur ou de la douleur, peu importe dans quel emballage rose bonbon il est vendu.

Aucun joli mot, aucune formulation n’en enlèvera son but premier : faire mal.

Certains penseront que ce n’est pas si grave, que ça ne dure pas longtemps. Pas moi. Pas tous ceux qui travaillent avec et comme moi. La douleur et la peur ne seront jamais une solution.

Autres

La distance sociale du chien

A nouveau, on s’attaque à une autre différence entre humain et chien dans le comportement social, et pourquoi cette différence rend certains exercices “traditionnels” complètement stressants et difficiles pour nos loulous.

Nous avons tous une distance sociale, qui varie en fonction des contextes.

Vous vous tiendrez naturellement plus près (et sans stress) d’une personne dont vous êtes proche que d’un parfait inconnu.

Malgré tout, dans les files d’attente ou dans les rues bondées, vous pouvez croiser des gens de très près sans problème. Lors de balades en forêt, si le sentier est étroit, vous croiserez les promeneurs sans sourciller.

De cette habitude, nous avons créé des compétences à vouloir faire acquérir à nos chiens : Être capable de croiser leurs congénères de très près, sans rien dire.

Voilà pourquoi on peut souvent voir dans les clubs canins ces exercices où les toutous, au pied, doivent passer à côté d’autres chiens sans réagir.

Sauf que ce n’est pas naturel du tout pour le chien.

► Dans le monde formidable de la communication canine, s’approcher vivement d’un congénère est sacrément impoli.

Laissez les chiens bien codés en liberté, analysez leurs mouvements et constatez qu’ils feront toujours un arc de cercle, se présenteront par le flanc ou détourneront le corps ou le regard pour apaiser la situation.

La plupart des chiens ne chercheront même pas à aller au contact et se contenteront d’observer, puis de prendre les odeurs une fois l’autre chien éloigné.

Même le chien le plus sociable du monde (bien codé j’entends, qui ne fonce pas sur ses congénères et est capable de les ignorer) ne croisera pas un autre chien sans une distance sociale minimum de quelques mètres. Les croisements directs et de très près sont une aberration.

La distance sociale des chiens est plus importante que la nôtre. Ils ont besoin de plus d’espace pour se sentir à l’aise lors des croisements et leurs présentations avec un congénère sont généralement très longues et ritualisées.

Cette idée d’aller directement vers un individu est purement humaine.

L’idée de ne pas pouvoir contrôler sa vitesse et trajectoire d’approche, de se sentir retenu par la laisse, va faire monter votre chien en tension.

Moi-même, si on me tirait vers un inconnu, pas sûr que je puisse rester calme et sereine !

Votre chien risque donc d’aboyer, de charger, afin de mettre à l’écart l’autre chien, de lui hurler qu’il a besoin de plus d’espace.

Il associera la présence d’un autre chien à quelque chose de négatif et entrera dans le fabuleux monde des chiens réactifs…

Forcer un chien, de par une laisse courte (car il ne le fera pas s’il a le choix) à croiser un congénère de très près sans possibilité de faire une courbe c‘est prendre le risque de créer des tensions.

C’est dans ce cas de figure qu’on voit la majorité des chiens réactifs : Mené sur un chemin étroit, forcé à croiser un autre chien et hurlant en bout de laisse. A une distance qui lui est propre, ce chien n’aurait même pas réagi.

Si le chien de club ou éduqué en coercitif ne réagit pas, c’est parce que la crainte de la douleur (collier étrangleur, coup de sonnette, dispute ect) est plus importante que son inconfort à passer aussi près d’un autre chien. Mais il suffira d’une fois de trop (attaque de l’autre chien, douleur, ordre contraire ect) pour que le toutou bien sage montre qu’il est arrivé au bout de ses limites.

► L’exercice consistant à faire passer les chiens les uns à côté des autres sans qu’ils n’aient le droit de s’exprimer est donc maltraitant. Ce n’est pas éthique, c’est contraire à leur éthologie, à leur comportement naturel. Cela les met dans un état de stress inutile et ne leur apprend concrètement rien.

Pourquoi ne pas simplement travailler avec plus de distance, dans le calme, en récompensant son chien lorsqu’il se détourne du congénère ? On évite le stress, la tension, on reste une figure de confiance pour notre chien, plutôt que quelqu’un qui le traîne vers une situation stressante.

En conclusion, c’est encore une nouvelle fois la différence de comportement social entre humain et chien qui créé un déséquilibre dans leur façon de communiquer, entraînant du stress jusqu’à de la réactivité.

Mettons-nous plus souvent à leur place, laissons-leur l’espace dont ils ont besoin pour communiquer sereinement. Cela ne coûte rien de faire une courbe dans un parc ou de changer de trottoir en ville afin de ne pas forcer notre chien à vivre un moment de stress.

Comportement, Education

 » Ça passera en grandissant… »

Et la marmotte, elle…

Ah, ce bel espoir que le seul temps qui passe puisse arranger la plupart des problèmes que nous rencontrons avec Toutou.

Si c’était vrai, le métier d’éducateur canin n’existerait pas 🙂

En fonction d’un tas de choses (génétique, environnement, expérience ect), des problèmes de comportement peuvent apparaître chez le chiot, notamment à l’adolescence (6-8 mois).

Il aboie sur ses congénères, tire en laisse, a peur des voitures, ne revient plus au rappel, saute sur les passants…

Alors tant que le chiot est petit, mignon et certainement pas encore assez lourd pour que ces comportements soient vraiment gênants au quotidien, beaucoup auront tendance à attendre.

On serait tenté de se dire : C’est un ado, il est jeune, ça passera à l’âge adulte.

Et c’est alors qu’on se tire une bien belle balle dans le pied.

La plupart des problèmes qui apparaissent à l’adolescence persistent à l’âge adulte.

Après la période de socialisation (de 3 semaines à 3-4 mois), l’adolescence est la deuxième période “charnière” du développement du chien. Avec les poussées d’hormones, il a généralement plus de difficultés à communiquer et à gérer ses émotions, des peurs soudaines apparaissent, les mauvaises expériences sont plus marquantes.

C’est d’ailleurs souvent vers cet âge que j’ai le plus d’appels pour travailler un chiot devenu réactif “sans raison”. En vérité, il y a des tas de choses qui auraient pu être mises en place pour que cela n’arrive jamais ou dans une moindre mesure.

Ces problèmes n’ont aucune raison de partir d’eux-mêmes. Un chien réactif le restera s’il n’est pas pris en charge. Un traumatisme ne se guérit pas par miracle.

Sans prise en charge, il y a de bonnes chances que le problème s’aggrave.

Un chien laissé dans son stress, sa peur ou son agressivité risque d’y plonger encore plus.

Par exemple, un chien qui aurait peur des chiens trop exubérants (grands, vifs ect) risque de généraliser cette peur à l’ensemble de son espèce.

Un chien qui essaierait d’attraper les camions qui passent à proximité pourrait généraliser ce comportement à l’ensemble des véhicules, voire au mouvement en général (coureurs, vélos ect).

Bref, l’absence de travail nous expose au risque de la généralisation du comportement à d’autres situations, d’autres déclencheurs.

De plus, le chien peut s’auto-renforcer dans son comportement.

Si Toutou aboie sur les passants pour les faire fuir, ayant appris que les humains cherchent toujours à le toucher, chaque itération du comportement accentuera sa probabilité d’apparition. Même chose avec le fait de charger ses congénères par crainte qu’ils s’approchent.

Le chien peut instrumentaliser l’agression comme seul moyen de faire partir ce qui le dérange.

Dans l’exemple du chien qui tire en laisse, Toutou apprend naturellement que tirer lui permet d’accéder à l’odeur qu’il souhaite renifler, puisqu’on le suit.

Comme le comportement est opérant (renforcé par l’obtention de quelque chose de positif pour le chien), il sera forcément reproduit.

Enfin, il est évident que, comme pour nous, une habitude est plus facile à défaire lorsqu’elle n’est pas ancrée depuis longtemps.

Une prise en charge aux premiers “symptômes” d’une problématique sera plus simple, plus rapide et moins énergivore (autant pour l’humain que son chien) qu’un travail qui commence après des années de répétitions et de renforcement du comportement.

Alors plutôt que de parier sur le fait que, peut-être, avec de la chance, le problème se résoudra seul, autant agir directement et s’économiser beaucoup d’énergie, de temps et d’argent dans une rééducation.

Le fameux “je vais éduquer mon chien moi-même et je prendrai un éducateur canin si ça ne va pas” est le point de départ de toutes les problématiques.

Mais aussi pour moi-même en tant qu’éducatrice : C’est tellement plus fun de travailler des chiots et les voir évoluer en adultes bien dans leurs pattes. Même si, au fond, j’adore travailler les chiens réactifs et voir leurs maîtres s’émerveiller de leurs progrès héhé. Ce n’est pas la même chose, c’est une stimulation différente et ceux sont les deux gros blocs du côté (ré)éducation de mon métier : Les chiots et les réactifs. Mais il est évident que pour les familles, c’est toujours plus sympa d’éduquer un chiot que de rééduquer un adulte !

Finalement, une rééducation dès l’apparition des symptômes est un bel investissement.

Voire encore mieux : Se faire accompagner dès l’arrivée de Toutou afin de le socialiser correctement, ne pas faire d’erreur et avoir les bases d’une éducation saine et bienveillante.

Tout le monde en ressortira gagnant : Vous qui aurez un chien correctement socialisé et éduqué, facile à vivre, et votre chien qui sera bien dans ses pattes.

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Comment réagir quand on croise un chien réactif ?

J’ai récemment fait un article sur la politesse à adopter lorsque, avec notre chien sociable, nous croisons un autre chien, qui pourrait bien être réactif.

On a parlé de rattacher son chien, de prendre de la distance, de demander au gardien du chien avant de laisser le notre y aller ect.

Et si on se concentrait sur nous, en tant que personne ?

C’est à dire, si je croise un chien réactif alors que je marche seul, que je cours, fait du vélo ect, comment aider au mieux son maître à gérer cette situation ?

On parle souvent de comment réagir lorsqu’on a un chien réactif (mouvement, trajectoire, tension ect), mais passons de l’autre côté du miroir pour être le meilleur “humain sans chien” possible 😉

Cette personne qui a un chien réactif, on la voit de loin : Souvent, la personne va se tendre en nous voyant, s’arrête. Dans le meilleur des cas, elle va chercher une cachette le temps du passage ou essayer de prendre de la distance. Sinon, elle va raccourcir la longe en anticipant un déclenchement, car elle sait que la distance qu’elle aura ne sera pas suffisante.

Avant toute chose, en tant que personne consciente des mécanismes qui peuvent rendre un chien réactif (génétique, expérience traumatisante, socialisation), il est important de ne pas juger.

Un chien réactif n’est pas nécessaire le fruit d’une erreur de son gardien. Bien souvent dans le cas des chiens de berger par exemple, la génétique y tient une grande place. Si un petit chien s’est fait malmener par ses congénères, il y a de grandes chances pour qu’il les tienne à distance par la suite.

Notre regard doit donc être rempli de compassion, pas de jugement. Car il y a autant de stress chez le chien que chez son maître.

C’est toute l’essence de mon métier : Apporter à chaque famille les clés pour comprendre son chien, trouver la raison de la réactivité de leur compagnon, sans jamais y apporter un jugement. Personne n’a choisi d’avoir un chien réactif. Même si le gardien a fait des erreurs qui l’on mené à cette situation, le juger n’y changera rien.

Dans un premier temps, le gardien du chien réactif a besoin de temps et de distance.

Si possible, éloignons-nous afin que le chien retrouve sa zone de confort. Un petit détour sur notre chemin prévu n’a jamais tué personne, mais aidera grandement le gardien du toutou.

Si c’est impossible, le mieux est encore de demander : Est-ce que je peux passer ? Vous préférez que j’attende ?

Le simple fait d’avoir le temps de se préparer au croisement plutôt que de devoir raccourcir la longe en panique fera un bien fou au gardien.

Si vous courrez ou êtes à vélo, ralentir ou descendre peut aider certains chiens, notamment ceux réactifs au mouvement. Le mieux étant toujours de demander à la personne ce qui l’aidera le plus.

Quoiqu’il arrive, ne pas faire attention au chien.

Essayer de lui parler ou de le rassurer ne servira à rien, au contraire. S’il réagit déjà, vous ne ferez que l’énerver d’autant plus. S’il était à sa limite, une interaction ne fera que le déclencher pour de bon.

J’ai déjà eu affaire à un monsieur aboyant carrément sur le petit chien qu’on travaillait, ce qui n’a pas manqué de lui faire encore plus peur…

Faites donc de votre mieux pour ignorer le chien, car quoi que vous ferez n’améliorera pas la situation.

Il n’est pas non plus nécessaire de donner des conseils à cet instant : Même si la personne crie ou s’énerve, un conseil non sollicité sera forcément mal entendu. Culpabiliser une personne ne l’aidera pas à s’en sortir.

Évidement, ne prenez pas mal le fait que le gardien du chien réactif ne vous dise pas bonjour.

C’est déjà très difficile et culpabilisant de tenir un chien réactif ayant déclenché, en plus du stress que cela engendre. Dans ces moments-là, tout ce que l’on souhaite est que ça se finisse le plus vite possible.

Cependant, si vous parvenez à prendre de la distance, laisser du temps à la personne ou vous mettre suffisamment de côté pour l’aider, le soulagement et la reconnaissance du gardien du chien réactif seront immenses, croyez-moi.

Toutes ces petites astuces vous permettront d’être le bon samaritain du jour, d’aider quelqu’un à mieux appréhender une situation stressante, voire d’aider son chien.

En tant que pet-sitter, je promène des chiens réactifs.

Quel plaisir et soulagement je ressens lorsqu’une personne, me voyant chercher à m’éloigner, m’indique qu’elle change de direction ou s’éloigne d’elle-même pour me laisser passer.

A tout ceux qui ont et auront cette empathie, merci ! ♥

Améliorer ses promenades, Autres

Quelques règles de politesse

Soyons polis, envers les autres personnes

Lorsqu’on a un chien sociable, capable de gérer les rencontres congénères sans problème, l’envie de le lâcher et de le laisser faire sa petite vie est grande. Il ne va attaquer personne après tout.

Mais laisser son chien aller vers les autres sans savoir vers qui il se dirige peut avoir de lourdes conséquences. Le chien en face peut être réactif, peureux, en socialisation, pas vaccinés, en travail ect.

L’humain qui tient la laisse peut aussi avoir peur, indépendamment de son chien.

Alors en tant qu’humain qui avons la chance (ou le fruit de beaucoup de travail) d’avoir un chien cool et poli avec les autres chiens, soyons-le aussi envers nos propres congénères :

Si j’aperçois un chien, je rattache le mien ou lui demande de se rapprocher (s’il est capable d’ignorer ses congénères).

Car je sais que cela rassure le propriétaire de chien réactif.

Si je constate que la personne en face semble stressée ou cherche à prendre de la distance, je m’éloigne pour lui faciliter le passage.

Sinon, je m’arrête ou ralentis pour lui laisser le temps de prendre la distance souhaitée.

Car je sais que les chiens réactifs ont une zone de déclenchement qui leur est propre et individuelle.

Si je souhaite faire une rencontre, je demande à l’autre maître si c’est possible et ce *avant* de détacher mon propre chien ou de le laisser s’approcher.

Car je sais que l’autre chien peut être en travail, malade ou réactif. Il peut aussi être sélectif dans ses rencontres (plus stressé avec les mâles, ou les grands chiens, ou les chiens vifs ect).

Si mon rappel n’est pas parfait, je garde mon chien en longe, même s’il est sociable.

Car je n’ai pas à imposer mon chien aux autres sans leur consentement.

Si je constate des signaux de stress chez le chien en face, je cesse la rencontre, même si le mien passe un bon moment.

Car je souhaite que chaque individu vive un moment positif.

Je ne touche/parle/regarde pas un autre chien sans avoir demandé à son maître au préalable. Même si c’est le chien qui vient vers moi.

Car je sais que certains chiens sont mal à l’aise vis à vis du contact avec un inconnu, veulent prendre des informations olfactives sans être touchés et/ou sont en travail.

Si tout le monde respectait ces petites règles de politesse, bien moins de chiens finiraient réactifs (car seraient respectés) et les maîtres de toutous sensibles seraient bien moins stressés.

Elles sont simples à respecter et à mettre en œuvre, et ont pourtant un gros impact sur la vision du monde canin par les personnes n’ayant pas de chien.

Alors à nous de montrer l’exemple !

Soyons polis, avec les chiens

Avant toute chose, il faut rappeler qu’on ne regarde/parle/touche pas un chien inconnu sans avoir au préalablement demandé à son maître.

Même si c’est le chien qui vient vers vous l’air sympa, même si c’est un chiot trop mignon, même s’il demande des câlins. Il est peut-être en travail pour ne plus sauter sur les humains.

Même si c’est un chien apeuré et que vous pensez le rassurer. Si le chien a peur de l’humain, ce n’est pas en voyant cet humain se pencher vers lui ou lui parler qu’il en aura moins peur.

On est adulte, on se contient. Et on contient nos enfants.

Alors si on a demandé et obtenu l’autorisation, comment se présenter à un chien qu’on ne connaît pas ?

La meilleure façon, c’est encore de demander au maître : Lui seul sait ce que son chien aime ou déteste.

Mais en règle générale, il y a toujours des comportements à adopter pour être en sécurité et rassurer le chien :

– Prendre une posture rassurante.

On se place accroupi sans se pencher sur le chien, de côté. N’étant pas de face, on est moins impressionnant. Cette posture indique une intention de paix.

– Ne pas initier l’interaction.

Chien craintif ou pas, on patiente. On ne parle pas à Toutou, on ne le regarde pas, on ne tend pas notre main pleine de doigts.

– Se laisser renifler.

Si Toutou n’est pas à l’aise, il voudra sans doute prendre des informations sur vous. Pour cela, il va vous renifler, souvent par derrière s’il est craintif. C’est super, c’est qu’il est observateur et réfléchi.

– Accepter le refus.

Un chien qui veut des câlins, ça se voit. Mais un chien qui n’en veut pas, c’est parfois plus difficile à voir ou à accepter. On peut donc se former sur les signaux d’apaisement ou effectuer des tests de consentement.

Gardons toujours en tête que les chiens sont des êtres vivants avec un corps, une personnalité et des antécédents. Tous les chiens n’aiment pas les humains ou les câlins. Tous les chiens ont le droit de dire non.

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Attitude à avoir face à l’approche d’un chien inconnu

Comment réagir si un chien inconnu s’approche de vous ?

Deuxième article sur la politesse dans un contexte de croisement avec un autre chien. On a d’abord parlé dans l’article « Il est gentil ! » des réactions à avoir lorsque notre chien est un loulou sociable sans réel problème.

Dans cet article, on estimera que vous êtes seul, sans chien, simplement en train de vous promener.

On ne va pas parler ici du chien agressif qui s’approche en chargeant, le poil hérissé et les crocs dehors. Dans ce cas ci, même si c’est difficile, ne courrez pas. Tous les chiens sont plus rapides que vous (allez, vous pourriez peut-être battre Mouki le carlin de 12 ans). Le mieux est de rester de face ou de côté et de reculer lentement.

Dans notre situation, vous vous promenez tranquillement et Toutou s’approche sur le côté.

En tant qu’humain, et surtout si la race du chien est cataloguée comme “gentille” ou sacrément jolie (coucou les goldens, berger australien et cocker), votre premier réflexe sera de vouloir lui parler voire même de le toucher. Et si c’est un chiot, il aura même le bonus “haaaw mais qu’il est mignoooon !”.

Quelle erreur !

Un chien qui s’approche de vous, surtout par le côté ou par derrière, ne veut pas être touché.

Le chien vit dans un monde d’odeur. Il s’approche afin de prendre plus d’information. Et s’il vient par derrière vous renifler le mollet, c’est sûrement parce qu’il n’est pas serein.

“Quand je m’approche d’un humain, il veut me toucher avec ses grosses mains pleines de doigts alors je viens derrière lui pour être tranquille.”

Ignorez-le donc (ou ralentissez sans vous tourner vers lui), laissez-le vous renifler et profiter de votre somptueuse odeur. Montrez-lui que tous les humains ne sont pas aimantés aux chiens et savent se contenir. Toutou vous trouvera bien sympathique et repartira aussi tranquillement qu’il est venu !

Toucher un chien sans l’avertir et sans son consentement, c’est sacrément malpoli.

Vous accepteriez qu’un inconnu se penche sur votre poussette et tende la main vers votre enfant, juste parce que ce dernier l’a regardé et qu’il trouve qu’un bébé, c’est vachement mignon ?

Ce n’est pas parce que les chiens sont “les meilleurs amis de l’Homme” qu’ils en sont aussi la peluche. Tous les chiens n’aiment pas les câlins, certains ont même peur des humains.

Alors on se retient de toucher le pelage tout doux de ce poilu !

SI, vous avez demandé au gardien si vous pouviez caresser son chien (qui de mieux placé pour savoir si Médor aime les câlins après tout) et que ce dernier accepte, vous pouvez présenter votre main au chien.

Dans l’idéal, de côté, sans se pencher vers le chien et sans le regarder intensément (vous vous rendez ainsi moins imposant et plus poli).

Médor n’est pas bête et saura faire comprendre s’il veut, ou non, de vos caresses.

S’il refuse (signaux d’apaisement voire éloignement), on contrôle notre égo et on se dit qu’au moins on a respecté un brave loulou.

Et si ce chien a l’air trooop content de vous avoir croisé, c’est bon non ?

Toujours pas !

Ce chien est peut-être en travail pour apprendre à ignorer les humains (pour sa sécurité) ou à ne pas leur sauter dessus.

Pour cela, on travaille d’abord à distance, puis on se rapproche. A terme, on souhaite un chien capable de croiser tout type d’humain sans leur envoyer tout leur amour à la figure. Mais il peut y avoir des ratés : On lâche notre chien en pensant être seul, on lui “laisse sa chance” en le laissant vous approcher mais c’était trop tôt ou trop excitant pour lui.

Votre attention ne fera que lui confirmer que foncer sur un humain, voire lui sauter dessus, c’est obtenir de l’attention. Alors oui, quand c’est un mignon petit chiot, c’est adorable ! Mais quand ce mignon petit chiot aura pris 20kg en 6 mois et qu’il aura les pattes pleines de boue, on regrettera qu’il ait appris une mauvaise façon d’obtenir votre affection !

En conclusion, il vaut mieux ignorer les chiens que vous croisez.

Même si c’est un chiot trop mignon. Même s’il a l’air craintif et que vous voulez le rassurer. Même s’il souhaite visiblement des caresses.

Votre attention aura forcément un impact négatif, que ce soit sur le chien lui-même s’il ne passe pas un bon moment (réactif, en travail, timide) ou sur le maître à court et plus long terme (qui devra retenir son chien ayant appris que les humains, ça fait des câlins).

Évidemment, tout cela fonctionne aussi si c’est vous ou votre enfant qui souhaitez vous approcher d’un chien : On demande à son maître avant même de regarder le toutou, on se présente de côté, on se laisse renifler et enfin on demande au toutou s’il veut être caressé.

Quel plaisir de voir de plus en plus d’enfant demander s’ils peuvent caresser le chien que l’on travail, au lieu de directement les approcher main tendue ! ♥

Il est important de ne pas considérer les chiens comme des animaux forcément adeptes des câlins, surtout venant d’inconnus.

Ce sont des êtres complexes avec leur personnalité, leurs peurs, leurs appréciations. Certains aiment les inconnus et apprécient leur contact sans sauter, d’autres ont besoin d’être ignorés ou sont en travail pour apprendre le calme. Dans le doute, vaut mieux se montrer poli !

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 » Il est gentil ! « 

J’écris beaucoup sur les chiens réactifs. Comment les comprendre, comment les aider, comment réagir.

J’aime beaucoup les travailler, les voir évoluer jusqu’à assister à leur première fois lâché, première fois avec un autre chien, première fois en ville ect.

Mais aujourd’hui, je vais me pencher sur les chiens n’ayant aucun problème avec leurs congénères.

Les “gentils”.

Votre chien apprécie peut-être les autres chiens.

Il aime aller les voir, aller jouer avec eux. Parfois de façon un peu brusque, mais ce n’est pas si grave parce que “il est gentil”. Donc, naturellement, on a envie de le laisser vadrouiller et aller dire bonjour aux copains, sans le retenir.

Attention à ne pas être l’enfer de quelqu’un d’autre.

Lorsqu’on tient la longe d’un chien réactif, notre plus grande crainte, ce sont justement les “gentils”.

Un chien lâché qui nous fonce dessus, tout content, mais qui risque de se faire charger voire mordre s’il s’approche trop. Notre loulou aboie, s’énerve et même si on parvient à le retenir au prix d’un mal de dos et d’épaule, il y a des chances qu’il reste sous tension de longues minutes.

Notre chien réactif vient de vivre une mauvaise expérience, nous avons risqué une confrontation et croyez-moi, notre cœur bat à 10 000.

J’ai eu cette expérience avec un chiot d’à peine 3 mois, devenu l’attraction principale de deux grands chiens de chasse très “gentils”.

Bébé avait peur d’être ainsi entouré et reniflé, surtout que les deux chiens ne s’éloignaient pas malgré son malaise évident… Le maître rappelait à peine ses chiens qui n’obéissaient pas plus que ça.

Mais pas grave, ils étaient gentils 🙂

J’ai donc un chiot de 3 mois qui a eu peur, ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur son développement.

Et même si nous sommes avec notre chien sociable, se faire foncer dessus par un chien inconnu, même très amical, peut faire peur.

Nous ne connaissons rien du chien en face. Si celui-ci arrive vite et de face (malpoli en langage canin), le notre peut vouloir lui faire savoir qu’il dépasse les bornes, et donc risquer une bagarre.

Ne vous inquiétez pas, il est gentil” est une phrase qui pourrait me faire hurler.

Parce que le chien que je travaille ou promène pourrait être un chien réactif, peureux, en travail pour ignorer ses congénères, malade, en socialisation, pas vacciné ect.

Il y a des TAS de raisons pour lesquelles ce n’est pas ok du tout de laisser son chien aller vers les autres sans se poser de questions.

Car en faisant cela, vous risquez de détruire plusieurs semaines de travail, de faire peur au chien, de lui faire vivre une mauvaise expérience.

Et même si vous considérez que votre chien est gentil, dans le sens où il ne s’approche pas avec de mauvaises intentions, il peut être malgré tout très impoli.

Foncer sur un congénère, s’approcher malgré ses signaux d’agression ou de peur, lui tourner autour pour jouer sans consentement, tout cela est impoli.

Si je promène un chien peureux qui doit reprendre confiance aux autres, un chien aussi envahissant ne va faire que lui confirmer que ses congénères sont des brutes.

Si je promène un chiot en socialisation, je ne veux surtout pas qu’il apprenne que c’est une façon normale de communiquer, car ça ne l’est pas.

Combien de fois, dans les parcs, je croise ces chiens lâchés qui foncent sur tous les chiens qu’ils croisent pour “dire bonjour”, sans que leur maître ne se préoccupe du chien ainsi rencontré ?

Ce n’est PAS normal.

Ce n’est pas parce que votre chien est sympa avec les autres qu’il ne faut pas se soucier des dégâts qu’il peut faire, même sans le vouloir.

Au mieux vous aurez l’air d’une personne impolie et irrespectueuse, au pire votre chien fera vivre une très mauvaise expérience à un chien en travail, ce qui pourrait le faire régresser.

Bref, même si vous avez le chien le plus adorable du monde, qui ne ferait pas de mal à une mouche (et on vous croit, là c’est pas la question !), ne le laissez pas aller vers tous les chiens que vous croisez.

S’il est lâché, il doit être capable d’ignorer ses congénères et n’aller vers eux qu’avec votre autorisation. Sinon, gardez-le en longe ou à minima rattachez-le lorsque vous apercevez quelqu’un.

Astuce toute bête : Avant de laisser votre chien approcher d’un autre, demandez à son maître ! C’est faire preuve de politesse et ça rassure tout le monde !

Education

Amener son chien au marché, bonne ou mauvaise idée ?

J’ai récemment lu dans le post d’un autre éducateur qu’amener un chien au marché était une étape nécessaire. Dans ce cas de figure plus précis, on parlait d’un chien de Roumanie (peureux ++, peur de l’humain).

Quiconque est familier avec le principe d’immersion et de détresse acquise sait à quel point travailler un chien de la sorte est une énorme erreur.

Mais j’aimerai plutôt me pencher sur le terme d’étape nécessaire.

Dans quel monde serait-il nécessaire de pouvoir amener son chien au marché ?

Rappelons ce qu’est le marché, du point de vue de Médor :

C’est un endroit hyper-stimulant pour touts ses sens. Des odeurs de nourriture, de tas de personnes. Olfactivement, c’est une bombe. Il y a beaucoup de bruit, des discussions, des vendeurs qui attirent les acheteurs. Certaines personnes vont vouloir lui parler, le toucher. Il va certainement se faire bousculer par accident. Et tout ce qu’il peut voir, c’est une marrée de genoux.

Ça vend du rêve…

Bon, si cette simple exposition ne suffit pas à nous dire que ce n’est pas *du tout* un endroit où notre chien sera heureux, continuons.

Votre chien risque d’être touché sans son consentement.

Oh qu’il est joliii, dis bonjour !” Et hop votre toutou subit une main posée sur sa tête, souvent par surprise. Il est peut-être patient, cette fois. Jusqu’à la fois de trop où il dira clairement “non” : grognement, coup de dent, aboiement ect, ce qui le qualifiera de “chien méchant” puisqu’un chien n’a jamais le droit de dire non.

Et voilà une superbe méthode pour rendre notre chien réactif aux humains : Lui montrer qu’il faut s’en méfier et les tenir à l’écart, parce qu’ils essaient parfois de le toucher.

Dans le cas d’un chien déjà peureux, c’est aussi risquer la morsure du chien qui n’aura plus que ce moyen pour dire “non”, poussé à bout.

Votre chien réactif ou peureux est placé en immersion.

L’immersion, c’est placer un individu apeuré par un stimuli au beau milieu de ces mêmes stimulus. Le but serait qu’il “comprenne” que ce qui lui fait peur ne lui fera pas de mal.

En théorie, c’est top. En pratique, si vous avez peur des araignées, je vous place dans une petite pièce en étant remplie.

Vous allez paniquer, hurler, chercher à les écraser peut-être (comme un chien terrifié chercherait à fuir ou à mettre à distance). Puis, ayant compris que la porte de la pièce ne s’ouvrirait pas, vous entreriez en détresse acquise, ou impuissance acquise. D’apparence, vous seriez calme, à l’intérieur, vous seriez résigné. La peur est toujours là, mais votre cerveau vous “éteint”.

C’est une situation terrible car si la situation est répétée, en plus du traumatisme que cela peut causer, l’individu généralisera ce sentiment d’impuissance à d’autres situations problématiques. A la moindre douleur, au moindre stress, il n’essaiera plus de s’en sortir.

Bref, l’immersion peut provoquer cette fameuse détresse acquise que les éducateurs en coercitif recherchent parfois même sans le savoir. Le chien ne réfléchit plus, il subit silencieusement.

Placer le chien dans une situation aussi stressante et stimulante ne lui permet pas de faire des apprentissages.

De cette sortie, il n’apprend rien (si ce n’est à se méfier, voir plus haut) puisque son cerveau est en mode “survie”. Il canalise ses émotions et cherche une porte de sortie.

C’est souvent pour cela que les chiens rééduqué “à la dure” vont bien se comporter durant la séance, mais repartir dans leur réactivité les fois suivantes.

Pouvoir amener son chien au marché n’est nécessaire pour personne, et surtout pas pour le chien.

Il n’y a rien de positif à en retirer, excepté à la rigueur pour l’égo de l’humain qui pourrait se dire “moi mon chien va partout”.

Tout le monde adopte son chien avec un rêve en tête : “on pourra l’amener partout”.

Mais ce n’est pas forcément du goût de tous les chiens. En fonction de leur passé, de leur socialisation ou tout simplement de leur personnalité, être amené partout peut être une immense source de stress.

Cela dit, travailler aux alentours du marché peut être un bon axe de travail.

Mais en respectant la distance de confort de votre chien.

On pourra donc travailler dans des rues adjacentes, avec moins de monde et des possibilités de s’éloigner facilement.

On pourra s’approcher petit à petit de la foule, sans jamais aller au centre du marché pour se prouver que notre chien peut “supporter” le monde. Car ce n’est pas respecter son intégrité physique et émotionnelle.

En conclusion, emmener son chien au marché (ou n’importe quel lieu densément fréquenté) n’est ni une nécessité, ni même une bonne idée.

Et si un éducateur vous dit que tel ou tel apprentissage est nécessaire, demandez-vous toujours pourquoi ? Pour qui ? Quel est le processus d’apprentissage ? Quelles émotions provoquera-t-il ?

Education

« Il connaît déjà tout ça ! »

Lors d’une rencontre avec un chiot et ses humains, j’ai souvent le droit à ce genre de phrase.

“Mon chiot connaît déjà assis, couché, la patte ect”

Alors en soit, ce n’est pas un problème. C’est super de passer du temps avec son chiot et de lui apprendre des tricks de façon positive. Ça renforce le lien !

En plus c’est souvent très facile et rapide avec les bébés chiens. Ils emmagasinent tout très vite et sont très demandeurs.

Mais attention à ne pas en faire trop.

Bébé chien doit passer une bonne partie de la journée à dormir et le surstimuler d’activités peut le rendre trop excité pour se reposer.

Se reposer lui permet d’emmagasiner les apprentissages faits dans la journée, en plus de l’aider à grandir correctement.

Un chiot qui ne dort pas suffisamment sera très excité par la fatigue (comme un bébé qui pleure beaucoup parce qu’il est fatigué). Et il vous le fera savoir !

De plus, surstimuler un chiot le rendra habitué à ces stimulations.

Après quelques mois, avec plus d’endurance et d’énergie, il aura besoin d’encore plus de stimulations de votre part pour enfin être apaisé.

On créé ainsi un adolescent boosté aux hormones, hyper endurant, qui n’a jamais appris à se poser. Ceux qui l’ont vécu peuvent confirmer à quel point c’est épuisant.

Avec un chiot, il faut surtout donner la priorité à la socialisation.

Lui faire découvrir en douceur ce à quoi il sera confronté une fois adulte, créer des rencontres neutres ou positives avec différentes espèces, lui apprendre à communiquer avec la sienne…

Mais toujours sans le surstimuler. Un peu chaque jour, en respectant son corps et son esprit, et le laisser se reposer ensuite.

Si sa vie future sera plutôt calme, sans immenses sorties tous les jours, pas besoin de lui enseigner que le monde extérieur est hyper excitable. Privilégiez les apprentissages qui vous servirons dans la vie de tous les jours.

Et avec des races de travail ou naturellement énergiques, il faut aussi leur apprendre le calme.

C’est très bien de savoir qu’on a adopté une race sportive. Mais le piège est de penser qu’il faut donc qu’elle ait plein de stimulations pour être comblée. Ainsi, à nouveau, on créé un chien qui ne sait pas se poser, avec en bonus l’énergie et la sensibilité d’une race de travail.

Alors plutôt que de les noyer de stimulations (sorties, jeux de balle, tricks ect), il vaut mieux privilégier l’apprentissage du calme, de l’observation neutre, de l’acceptation de ne rien faire.

Finalement, même si c’est très tentant, il faut bien faire attention à ne pas en faire trop avec notre chiot. C’est un bébé !

Gardez en tête qu’un bébé surstimulé deviendra un adulte avec beaucoup d’endurance et/ou du mal à se poser.

La priorité n’est pas aux “ordres de base”, loin de là, mais à une socialisation réfléchie et progressive.